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J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon (2010) : L’horreur montré à l’écran

janvier 31, 2022

J’ai rencontré le diable : doit-on se faire justice soi-même ?

J’ai rencontré le diable, long-métrage de Jee-woon Kim sorti en 2010 est une véritable descente aux enfers dans les travers humains. C’est un thriller ultraviolent qu’il faut mettre devant des yeux avertis (légers spoilers en vue).

Qui sème le vent récolte la tempête !

Quand la victime devient le bourreau

Kim Soo-hyeon est un agent secret dont la femme vient d’être sauvagement assassiné par un tueur du nom de Kyung-chui. Il va se mettre en quête de retrouver le tueur. Cette version dégénérée du chat et de la souris nous questionne sur la notion de vengeance, jusqu’où faut-il aller ? Est-elle nécessaire ? Ne transforme-t-elle pas le vengeur en monstre à son tour ?

Un film de vengeance ordinaire développerait l’enquête du héros pour retrouver le bourreau de sa femme. L’originalité est qu’ici, il met seulement trois quarts d’heure à retrouver le tueur. Et plutôt que d’en finir immédiatement, il décide de changer de plan. Il va lui faire très mal puis le laisser partir pour ensuite le traquer à nouveau et augmenter le degré de la punition, encore et encore. Il souhaite mettre le tueur dans le même état de terreur que sa pauvre femme.

Ivre de sang

On s’identifie au héros tant on peut comprendre sa soif de vengeance et son envie de faire souffrir le meurtrier de sa femme. On rentre dans son jeu au point de se prendre à souhaiter secrètement qu’il ne tue pas tout de suite son ennemi qui n’a pas encore assez souffert. Cette fresque sanglante nous questionne alors sur notre propre rapport à la sanction, à la justice et à la puissance. La progression de l’histoire nous amène à nous demander si l’on n’a pas affaire à un, mais deux diables.

Œil pour œil, dent pour dent. Kim Soo-hyeon et Kyung-chui vont se rendre coup pour coup pendant les deux heures et demie de film. Devant les atroces souffrances que subira Kyung-chui (l’antagoniste), on ne pourra ressentir une quelconque empathie tant l’homme est un monstre.

Lee Byung-hun Lee Byung-Hun alias Kim Soo-Hyeon

La maestria sud-coréenne

Des acteurs bouleversants

Côté casting, nous avons affaire à un duo d’acteurs investis. Lee Byung-Hun est parfait dans son rôle de vengeur tantôt glacial, tantôt brisé par l’horreur qu’il a sous les yeux. Il se glisse dans la peau d’un ange punisseur mais sera rattrapé par ses actes. Le dernier plan du héros est un véritable soulagement pour lui… et pour nous. Maintenant sa vengeance accomplie, il peut retrouver son humanité. Ses pleurs de soulagements sont la preuve qu’il est toujours l’un des nôtres.

Quant à Min-sik Choi que nous connaissons en France pour le fameux Old Boy, il est tout simplement terrifiant. Véritable monstre filmé à l’écran, l’acteur a su composer un personnage psychopathe, sociopathe et dénué de toute empathie. Il n’a pour désirs qu’assouvir ses pulsions et rester en vie.

Min-sik Choi Min-sik Choi alias Kyung-chui

Une réalisation parfaite

Au pays du matin calme, on sait filmer un plan. La mise en scène est fabuleuse. Le combat au couteau dans le taxi est filmé de manière magistrale par un travelling circulaire. On se trouve dans la même désorientation que les victimes et témoins de cette explosion d’hémoglobines.

La photographie du film transforme la violence en tableaux de peintres. Le sang sur la neige ou les corps dans des bâches en plastique en sont de bons exemples. Nombre de scènes sont insoutenables tant la violence de ce film est réelle et bien filmée. Plus que du gore gratuit, J’ai rencontré le diable nous met face aux horreurs du monde réel, on ne peut y être indifférent. Chaque plan pénétrant dans l’intimité des victimes nous plonge dans le même état de terreur qu’elles.

Les Coréens démontrent une fois de plus leur maîtrise du thriller dont ils sont les maîtres. Le rythme est crescendo jusqu’à un final terrifiant qui restera gravé dans la rétine.

Conclusion

Je déconseille de mettre ce film devant les âmes sensibles et recommande d’avoir au moins la majorité pour le regarder. Les images ont un sens et ne sont pas anodines. J’ai rencontré le diable vous questionnera en profondeur et vous ne pourrez en sortir indemne.

Pour les plus courageux, je vous recommande vivement cette pièce maîtresse se hissant parmi les chefs-d’œuvre absolus du thriller.

Ma note pour J’ai rencontré le diable : 18,5/20

J’ai rencontré le diable sur Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=185542.html

Michel-Ange LUBRANO