Allons voir The Batman, la énième adaptation cinématographique du chevalier noir.
20 ans. Vingt-années se sont écoulées depuis la sortie du premier Spider-Man de Sam Raimi. Ce chef-d’œuvre a eu pour effet à sa sortie de relancer les super-héros au cinéma à tel point que depuis, nous sommes assaillis de films sur les héros de comics jusqu’à plus soif. Et en ce 2 mars 2022 sort The Batman, sorti le deux cents cinquante-huitièmes (humour) film consacré au plus grand détective de Gotham City. Un détective tellement grand que ses ennemis lui échappent depuis plus de quatre-vingts ans. Que penser de ce long-métrage ? La réponse ici même.
DC a appris sa leçon.
À l’heure où l’apogée du Marvel Cinematic Univers est passée et que celui-ci ne nous pond plus que des navets insupportables, DC tente de proposer un contenu plus adulte. L’univers Cinématographique DC a laissé des leçons aux producteurs. Seuls les films avec un auteur à sa tête et une réelle vision ont marché. La preuve étant que sur les films DCU, la trilogie de Zack Snyder fut la seule réussite. Man of Steel, Batman vs Superman (version longue) et la Snyder Cut resteront dans le temps en dépit de critiques salées au moment de la sortie des films. Les autres films DC sont tous à jeter.
La sauce de cet univers ne prenant pas, il fallait tout de même continuer à faire du pognon. Pourquoi ne pas tirer les leçons de ces expériences et proposer des films d’auteurs dirigés par des personnalités fortes à la Zack Snyder. Ni une ni deux, en 2019 sort en salles Joker, qui prend à contre-pied les spectateurs pour nous offrir une histoire puissante et sans concessions. Nous avions une ville poisseuse et des enjeux palpables. Fini les extraterrestres et les objectifs manichéens qui n’ont aucun sens (à tout hasard tuer la moitié de la population de l’univers), place à la nuance. Joker a su développer une histoire riche et complexe. Tout n’est pas parfait, comme le message anti-riche trop binaire, mais la proposition était là.
Trois ans plus tard, après tout un tas de bouses super-héroïques innommables (sauf la Snyder Cut) arrive The Batman.
The Batman, une direction artistique époustouflante.
Le premier point positif de The Batman, c’est sa direction artistique tout bonnement brillante.
Gotham City est poisseuse et oppressante. Pour rien au monde je ne souhaiterais y vivre. Le travail sur la ville est d’une grande qualité. Gotham semble être une prison de laquelle on ne peut sortir. Son ambiance est beaucoup plus palpable que dans les films de Nolan. Il y avait une proposition intéressante dans Batman Begins qui a malheureusement été abandonné par la suite. Dans The Batman, Matt Reeves tente de proposer une vision cyberpunk. La métropole ressemble à une ville gothique doublée d’un croisement entre Tokyo et New York. C’est un très bon point sur la direction artistique. Certes, la meilleure représentation de Gotham City reste celle des films de Tim Burton, mais la comparaison n’est pas obligatoire.
Le film est aussi beau qu’un Blade Runner, c’est dire. L’ambiance désaturée appuie le propos. À Gotham City, c’est chacun pour soi. Dans cette jungle de béton, on ne peut compter que sur soi-même pour survivre face à l’enfer, les autres. Les teintes froides renforcent l’atmosphère glaciale qui se dégage de la vie des habitants. Le rouge est la couleur la plus mise en avant. Il y a une scène de course poursuite tout en tons de noirs et de rouges assez incroyable pour être soulignée.
Le film dérive sporadiquement vers une ambiance gothique très niaise à l’image d’un Twilight. Cela donne à Robert Pattinson un côté adolescent torturé légèrement ridicule compte tenu le ton très sérieux du film.
The Batman, entre wokisme et manichéisme.
La fille prodige.
Zoé Kravitz est absolument radieuse dans le rôle de Selina Kyle alias Catwoman. L’actrice a le physique parfait pour le personnage. Elle possède le corps idéal et un air ambivalent collant à la personnalité de la femme chat. Cependant la « romance » entre Batman et Catwoman tombe rapidement dans le banale. La relation entre les deux personnages est supposé être extrêmement complexe. Bat et Cat se désirent, il y a une énorme tension sexuelle entre les deux. Parfois ils s’aident, parfois ils s’opposent. Ici leur relation devient rapidement on ne peut plus basique. Tant pis pour nous.
Les répliques badasses de Selina sont pathétiques. Ces déclarations supposées impactantes viennent casser le rythme et l’immersion. Elles sont dignes d’une bande-annonce et n’auraient pas dû rester dans le montage final.
Riches = méchants, pauvres = gentils.
Malheureusement pour les gens comme moi, on doit se prendre notre dose de wokisme dans The Batman. Ici, c’est manichéen, les blancs sont tous des méchants corrompus. La seule politicienne intègre est une afro-américaine brave et courageuse. Le seul flic intègre James Gordon est un gentil afro-américain brave et courageux (il y en a d’autres mais ils font office de figurants). Catwoman se fend d’une réplique contenant « mâle blanc privilégié » qui saura piquer les oreilles des gens las de ces imblairables propos wokistes. Je fais partie de ces gens. Comme dans beaucoup de films de nos jours, le message sous-jacent est un amalgame entre lutte des classes et lutte des « races », c’est très dommage.
Cela dit, le film n’a pas coché les cases « transsexuels », « non-binaire », « asiatique » et « obésité morbide » dans le cahier des charges de la diversité. Il n’est peut-être pas assez woke pour certains (un peu d’humour s’il vous plaît).
Le cliffhanger putassier de la fin du film avec ce Joker Bogdanoff est tellement dommage. J’aurais aimé que le film ne tombe pas dans du teasing et s’en tienne à une histoire finie.
Une double intrigue inutile.
The Batman aborde deux intrigues mises en parallèle. L’enquête sur les meurtres du Sphinx et les histoires mafieuses autour de Carmine Falcone. La partie sur Falcone vient parasiter une bonne partie du récit à tel point que l’on en oublie la traque du Sphinx. Il aurait été plus intéressant de se limiter à cette seule intrigue de l’Homme Mystère. On aurait pu alors se plonger dans les méandres de la folie et se perdre dans les limites de la justice avec un Bruce Wayne toujours plus torturé.
Des points positifs…
…il y en a, ne vous inquiétez pas. Déjà, j’ai trouvé les acteurs très bons. Robert Pattinson s’en sort bien en Bruce Wayne. Il livre une performance à l’image du ton du film. Certains ont critiqué son physique gringalet. Ils ont raison mais cela ne m’a pas dérangé plus que ça. J’ai adoré voir Batman se prendre des coups. Cela change du héros invisible et renforce la sensation de réalisme qu’a tenté d’insuffler Matt Reeves. Cette volonté se confirme dans pas mal de scènes, dont une faisant appel aux ailes de Batman.
Colin Farrell que je n’avais même pas reconnu est bon dans le petit rôle du pingouin. Mais c’est surtout Jeffrey Wright en James Gordon qui est excellent. Le reste du casting fait le café.
Jeffrey Wright incarne un excellent commissaire Gordon.
La Batmobile est incroyable. On dirait une Mustang sortie des années 70. J’ai trouvé ce choix génial. Cela donne un ton anachronique au film, dont il est très difficile de situer l’époque. The Batman pourrait très bien se passer dans des années 80 où il y aurait déjà les smartphones, c’est très original.
Petite erreur de casting avec Paul Dano dans le rôle de l’Homme Mystère (ou Sphinx). Il est assez ridicule. Edward Nigma a un comportement obsessionnel, un besoin de se prouver qu’il est plus intelligent que les autres. C’est son talon d’Achille qui est bien mis en avant ici. Néanmoins, Nigma est beaucoup plus classe et ambivalent qu’il ne l’est ici. Un acteur comme Leonardo Di Caprio aurait été un choix bien plus burné et en adéquation avec le personnage. Pour un bon Sphinx, je vous envoie vers la série Gotham dans laquelle Cory Michael Smith joue un Homme Mystère idéal.
En conclusion.
En résumé, nous avons une balance équilibrée de points positifs et négatifs pour un film que je considère réussi. The Batman tente des choses et se voit parfois bloqué par quelques malheureuses contraintes modernes. Mais c’est un film de bonnes factures, bien au-dessus de la grande majorité des films de super-héros de ces dernières années. Il propose une enquête intéressante quitte à sacrifier un peu d’action et cela ne fait pas de mal. Si comme moi vous aimez les aventures du Chevalier Noir, vous pouvez donner une chance à The Batman.
Ma note pour The Batman : 14/20
The Batman sur Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm
Michel-Ange LUBRANO