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Mon avis sur Mort sur le Nil de Kenneth Branagh

février 11, 2022

Allons au cinéma voir Mort sur le Nil.

Mort sur le Nil est le nouveau long métrage de Kenneth Branagh. Après son adaptation du Crime de l’Orient-Express sorti en 2017, Branagh reprend le personnage d’Hercule Poirot. C’est avec plaisir que l’on retrouve le réalisateur acteur en pleine forme. Que vaut ce donc ce long-métrage ?

Un détective et de potentiels meurtriers.

Incarner le plus célèbre des moustachus.

Adapter Hercule Poirot au cinéma, c’est s’attaquer à un monument de la littérature. Agatha Christie est possiblement l’auteur la plus lue de tous les temps. Pas tout le monde n’a lu un Hercule Poirot, mais tout le monde le connaît. Et plus que de connaître le détective belge, nous avons la sensation de le connaître (c’est valable pour d’autres personnages comme par exemple Batman).

Ainsi, en connaissant la réputation des romans, il est difficile de ne pas avoir d’attentes face à une adaptation au cinéma. Il convient de faire honneur à notre bon moustachu.

Et quelle moustache ! Branagh a le physique idéal pour incarner le détective (bien qu’un peu mince). Sa moustache est de toute beauté. Il campe un Poirot idéal et arriverait presque à la cheville de David Suchet si celui-ci n’était pas simplement parfait pour le rôle.

Kenneth Branagh en Hercule Poirot

Avant de s’attaquer au cœur du récit, présentons les personnages comme le ferait un bon whodunit (ou « qui l’a fait », genre d’histoire dans lequel l’intérêt pour l’enquête doit primer sur l’enquêteur).

Un casting mi-figue, mi-raisin.

Face à Kenneth Branah (Hercule Poirot), nous avons Gal Gadot. Cette actrice a décidément un jeu plus que médiocre. Elle est magnifique mais je ne comprends pas l’intérêt pour cette femme en tant qu’actrice si ce n’est vendre des places (et des figurines Wonder Woman). Son jeu est beaucoup trop limité pour une histoire supposée remplie de personnages ambivalents.

Vient Emma Mackey, une excellente actrice dont le regard malicieux m’a fait succomber à ses charmes. C’était un bon choix de casting et j’ai hâte de la revoir face à la caméra.

Tom Bateman dans le rôle de Bouc est excellent. C’est le personnage le mieux écrit. Son développement à su capter toute la versatilité d’un personnage d’Agatha Christie. Le paradoxe étant que Bouc n’existe pas dans le roman.

Quant au reste du casting, rien à signaler.

Acteurs de Mort sur le Nil

N’est pas Agatha Christie qui veut…

Les présentations étant faites, rentrons dans le vif de l’enquête. Mort sur le Nil raconte l’histoire de Linnet Ridgeway, une femme extrêmement riche qui part en Égypte faire sa lune de miel avec un homme de basse classe qu’elle aime passionnément, Simon Doyle. Le problème, c’est que Jacqueline de Belfort, l’ex-fiancé de Simon qui l’avait présenté à sa meilleure amie Linnet, n’entend pas les laisser tranquilles. S’ensuivra un élément perturbateur que vous aurez sans doute deviné. Lui-même suivi de moult péripéties jusqu’à la résolution de l’enquête du détective. Détective qui par un bien heureux hasard se trouvait être là.

L’enquête est très mal amenée. L’introduction des personnages est beaucoup trop longue et la moitié d’entre eux sont creux. Seul le couple, Bouc et l’ex jalouse sont bien développés. Les autres suspects sont des caricatures pour la plupart inintéressants au possible. Branagh a eu l’intelligence de réduire le nombre de personnages mais aurait dû pousser l’exercice plus loin. L’autre solution aurait été de moins se concentrer sur l’amour entre le couple Doyle pour mettre l’accent sur le reste de la famille.

La photographie peut faire illusion, mais l’excès de fonds vert, de 3D et de plans tournés en studio casse l’immersion pour le lieu supposé. Il y a une réelle paresse dans cette absence totale de tournage en extérieur. C’est dommage pour un film de ce budget (90 millions de dollars).

Agatha Christie Agatha Christie (1890- 1976). Un mythe jamais égalé.

Un problème de genre.

Le personnage d’Hercule Poirot est en décalage avec celui des romans. Ici, Mr. Moustache est beaucoup trop agressif, il manque cruellement de subtilité. Il use d’une rhétorique ostentatoire pour faire tomber les masques. Ce n’est pas la philosophie du moustachu Belge. Même s’il est outrecuidant, Hercule Poirot se rapproche plus d’un Columbo que d’un Serpico. Le principal problème de Mort sur le Nil, c’est qu’il ne sait pas dans quel genre s’inscrire.

Je vous ai parlé du whodunit, genre policer dans lequel l’enquête prime sur l’enquêteur. Comme exemple, nous avons des séries comme Hercule Poirot, Colombo ou Derrick pour ne citer qu’eux. L’autre genre est le hardboiled ou l’intérêt du spectateur se portera sur le héros, son enquête n’étant que prétexte à le faire évoluer. L’exemple ultime est Serpico, mais l’on peut citer Donnie Brasco, Peur sur la ville et bien d’autres.

Kenneth Branagh essaie maladroitement de fusionner les genres pour un résultat mitigé. Nous avons une balance équilibrée entre une enquête et un Hercule Poirot assez développés pour ne pas être anecdotiques, mais pas assez pour nous marquer.

Peter Falk L’inspecteur Columbo, la quintessence du whodunit.

En résumé

L’incapacité du film à choisir ce qu’il est est son défaut. Ainsi, Mort sur le Nil est un film en demi-teinte. Il n’est pas désagréable à regarder mais truffé d’indécisions et de grosses ficelles. C’est un film très moyen assez ennuyeux. Pour la peine, je ne vous recommande rien, à vous de décider si vous voulez aller le voir.

Ma note pour Mort sur le Nil : 11,5/20

Mort sur le Nil sur Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=260812.html

Michel-Ange Lubrano