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Reservoir Dogs #1 : la genèse d’un classique absolu

mars 21, 2022

Parlons de Reservoir Dogs

Premier et meilleur film de son réalisateur Quentin Tarantino (je m’engage dès le début), Reservoir Dogs est un film de gangsters. Ultra-violent, sans concessions, d’une efficacité redoutable, porté par un casting de rêve, analysons ce qui fait de ce long-métrage un chef-d’œuvre absolu.

Dans ce premier article, je vais vous parler de la genèse du film et des inspirations multiples de Tarantino.

Premier tir inégalé

Comment Reservoir Dogs est né ?

Employé dans une boutique de location de vidéos entre 1984 et 1989, Tarantino a durant cette période considérablement enrichi sa culture cinématographique. Véritable cinéphile, ses inspirations vont du Nouvel Hollywood à la Nouvelle Vague en passant par la Blaxploitation des années 70 et les films d’Hong Kong. Il témoignera d’ailleurs son amour pour la blaxploitation avec le trop sous-estimé Jackie Brown. C’est à cette période que Tarantino rencontrera Roger Avari, une rencontre clé dans sa carrière.

Tarantino à Video Archives
Tarantino au Video Archives

Ces années au Video Archives affinèrent la plume de notre Quentin préféré. Avec son ami Avari, il donne naissance aux scénarios de Tueurs nés, True Romance, Reservoir Dogs et Pulp Fiction. Tarantino vend le scénario de Tueurs nés pour 10 000$. Il reniera la paternité du scénario par la suite à cause des désaccords profonds sur les changements opérés par Oliver Stone. True Romance, vendu pour 40 000$, est l’occasion rêvée pour Quentin de financer lui-même un autre de ses scénarios qu’il souhaite absolument réaliser, Reservoir Dogs.

Grâce à Lawrence Bender, un jeune producteur ami de Tarantino, le scénario tombe aux mains d’Harvey Keitel. Celui-ci accepte de soutenir et coproduire le projet en échange du rôle de Mr. White et d’une part des bénéfices. Ni une ni deux, le film tombe aux mains d’Harvey Weinstein qui s’engage à la produire. Tarantino est ainsi à la réalisation de son premier long-métrage. C’est parti pour un huis clos ultra violent entre voyous costumés.

Mr Blonde, Mr White et Mr Pink dans Reservoir DogsMr Blonde, Mr White et Mr Pink.

Un réalisateur inspiré

Le maniériste

Son réalisateur préféré est Brian de Palma, un géant du nouvel Hollywood. C’est un maniériste aimant particulièrement imiter le style d’Alfred Hitchcock (durant sa première partie de carrière). Beaucoup de films de De Palma sont des remakes. Tarantino cite souvent l’excellent Blow Out (remake de Blow Up) comme son film préféré. C’est de Blow Out qu’est né la passion de Quentin pour John Travolta, qu’il déterrera pour Pulp Fiction.

Travolta dans Blow Out
Travolta dans Blow Out.

Reservoir Dogs, un double copiage

Les films de Tarantino étaient déjà truffé de références en tous genres avant Kill Bill : Volume 1. Néanmoins, seule une poignée d’initiés étaient à même d’identifier ses références. De fait, le scénario de Reservoir Dogs n’est ni plus ni moins qu’une pompe de deux films. Le premier est un film Hong Kongais nommé City on Fire. Très bon Ringo Lam mené par un Chow Yun-Fat au sommet. La scène de l’impasse mexicaine est copiée de ce film. Le second film est le troisième long-métrage de Stanley Kubrick, L’ultime Razzia. Excellent film de gangsters duquel Kubrick connaîtra un premier succès commercial. L’ultime Razzia amènera Kubrick à collaborer par la suite avec Kirk Douglas sur Les Sentiers de la Gloire et Spartacus.

L'ultime razzia
L’ultime Razzia de Stanley Kubrick

Une subtilité perdue

Les inspirations de Quentin furent un temps inconnues du grand public, subtiles et digérées par son auteur. Une cassure définitive s’est opéré à la sortie de Kill Bill : Volume 1. Ici, Tarantino ne masquera plus des inspirations qui deviendront de plus en plus évidentes. Ces « hommages » ne sont là que pour faire des clins d’yeux peu inspirés.

Au-delà des initiés ayant poussé leurs découvertes du 7ème art, trop peu de personnes connaissent ces deux films pour s’apercevoir de la récupération qu’en a fait Tarantino. Certes, Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Jackie Brown sont truffés d’inspirations. Cependant, leurs succès ne reposaient pas sur un jeu à la référence, à l’image de son dernier film Once Upon a Time in Hollywood. Dans le même genre on peut citer Ready Player One. C’est une bouse numérique qui n’a d’autre intérêt que la pêche aux références. Revoir ces détails et personnages que vous avez aimés vous procurent de bons sentiments et c’est tout le vice. Ces films jouent avec votre nostalgie, ils ne créent rien et vampirisent à leurs prédécesseurs les sensations qu’ils procuraient.

Ready Player One
Ready Player One, la quintessence du vol.

Après Jackie Brown, les références évidentes ont explosé pour ne plus s’arrêter. Seul Les Huit Salopards se montre plus fin de ce côté là. C’est à mon avis le meilleur film de Tarantino depuis Kill Bill : Volume 1.

La suite de la chronique sur Reservoir Dogs…

Retrouvez la deuxième de cette chronique ou je reviens sur le casting de Reservoir Dogs.

Reservoir Dogs sur Imdb : https://www.imdb.com/title/tt0105236/

Michel-Ange LUBRANO