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Les prédateurs de Tony Scott (1983) : le petit frère de Ridley fait ses débuts

février 5, 2022

Petit Scott fait ses débuts avec Les prédateurs.

Les prédateurs, de son titre original The Hunger, est le premier long-métrage du regretté Tony Scott, petit frère du célèbre Ridley. Les prédateurs est un thriller racontant l’histoire d’un couple de vampires vivant à New York. Que vaut ce premier film ? Ou se place-t-il dans la lignée des films du genre ? C’est ce que nous allons voir.

Tous les ingrédients sont réunis.

L’intrigue tourne autour d’un couple de vampires, Miriam et John, interprétés par Catherine Deneuve et David Bowie, rien que ça ! Miriam à plus de trois mille ans et a offert l’immortalité à son mari il y a trois cents ans. Cependant en ces années quatre-vingt, John se met à vieillir à grande vitesse. Pour tenter de sauver sa peau, le couple va jeter son dévolu sur une médecin spécialiste dans le vieillissement prématuré. Elle vient compléter le trio et est interprétée par ni plus ni moins que Susan Sarandon.

La première chose qui saute aux yeux devant le film, c’est qu’il est beau. La photographie est excellente. Les compositions rendent chaque plan impactant, en particulier ceux dans la grande maison dans laquelle se passe la majeure partie de l’histoire. Très esthétisée, la direction artistique est cohérente avec les thèmes du vampire à savoir l’élégance, la froideur, l’errance, la soif de sang et les corps. À ce titre, les scènes de sexe sont enivrantes. Tony Scott se paye le luxe d’une séquence d’amour saphique entre Deneuve et Sarandon ce qui n’est pas piqué des hannetons. Notre star française deviendra même une icône lesbienne en partie grâce à ce film. Sa beauté glaciale à l’air immortel fait d’elle l’actrice parfaite pour un vampire millénaires. Quant à David Bowie, son physique élancé et androgyne sont parfaits pour le rôle. C’est un casting cinq étoiles.

La bande-son alterne entre morceaux déjà existants et compositions originales. Ces balades de pianos et violons saisissent la dimension tragique de l’immortalité. Miriam et John vivent sans être heureux ni malheureux, ils errent dans cette éternité. Leurs existences inévitables rendent chaque journée insipide par leur inéluctable répétition.

Catherine Deneuve dans Les prédateurs

Un potentiel inexploité.

En dépit de parfaits ingrédients, Les prédateurs montre rapidement ses limites. J’ai été frustré par la lenteur exacerbée de certaines séquences. Elles se justifient en partie par la morosité de l’immortalité, mais elles mettent en suspens une intrigue qui n’avance pas. Les résolutions sont tantôt décevantes, tantôt capillotractées. La conclusion n’est pas très claire et toutes nos questions restent sans réponses.

Parti spoiler : le refus de John de retourner auprès de la doctoresse pour tenter de se faire soigner est un non-sens très frustrant. Si dans ce genre de récit on s’attend rarement à une fin heureuse, on souhaite tout de même voir les héros tenter quelque chose. Mais la rien, on regarde John moisir jusqu’à la mort pour ne plus le voir du tout. Fatalement, son arc narratif nous laisse un gout d’inachevé. À la fin du film, Sarah se suicide après avoir tué son mari pour ne pas rejoindre Miriam dans l’immortalité.

En conséquence, tous les anciens maris et femmes de la vampire sortent de leurs tombeaux pour s’en prendre à elle. Comme un retour de bâton, la malédiction que Miriam a infligée à ses partenaires se retourne contre elle. Sarah a dans son refus de se lier à Miriam brisé un cercle vicieux. Je spécule, car tout cela reste flou, sachant que ladite doctoresse reste en vie. Fin des spoilers.

Les prédateurs n’est pas un film ayant vocation à laisser moult questions aux spectateurs comme dans un Mulholland Drive. Devant le chef-d’œuvre de Lynch, tout est contemplation et on ne sort pas frustré de la séance. Devant Les prédateurs, on ne peut qu’être déçu devant l’énorme potentiel gâché.

David Bowie dans Les prédateurs

Un premier essai honorable.

Beau premier film malheureusement incomplet, Les prédateurs est passé à côté de son plein potentiel. Le premier film de son frère Ridley Les duellistes est selon moi meilleur.

Néanmoins, ce premier long-métrage reste honorable et possède des qualités indéniables. Entre une photographie magnifique, une musique enivrante et un casting parfait, je vous recommande de découvrir ou redécouvrir ce bon film injustement méconnu. Si comme moi, les films de vampires sont votre tasse de thé, Les prédateurs est un bon choix.

Ma note pour Les prédateurs : 13,5/20

Les prédateurs sur Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=30460.html

Michel-Ange LUBRANO